En visitant les "chars"

Publié le par amra-sekhane

Bonjour à tous,

 

Après une petite (longue) pause dans les publications, que nous mettrons sur le compte de l'été, nous voici de retour sur Amra Sekhane. Et nous vous proposons aujourd'hui une petite visite dans le nord du pays, que j'ai (Manu) pu visiter avec une association, Friendship. fondée par un français (Yves Marre). Elle travaille auprès des populations qui font partie des moins favorisées du Bangladesh (ce qui veut dire beaucoup).

 

Le principal projet est un bateau-hôpital, qui permet à l'installation d'être opérationnelle à n'importe quelle période de l'année. Dans les autres axes de travail, on peut en ressortir l'adaptation des populations aux possibles conséquences du changement climatique, l'éducation, la santé... Une ONG assez "classique".

 

DSCN1197.JPG

Le bateau hopital de Friendship, sponsorisé par la compagnie que l'on voit.

 

Profitant d'une visite sur le terrain d'un salarié de Friendship, nous sommes partis à 5 découvrir un nouvel aspect du pays. Une occasion pour moi de dire les quelques phrases de Bangla que je connais. Après un (long, faut il encore le préciser?) trajet en bus, nous voilà donc à Kurigram. La ville en soi n'a aucun intérêt au niveau culturel, mais permet d'accéder aux chars. Pour Hasib, notre guide, Kurigram est une ville extraordinaire. Les restaurants sont moins chers, meilleurs et servent plus qu'à Dhaka.

 

 

Recolte et travail de la jute, "la fibre dorée du Bangladesh" et l'une des principales sources de revenus des villageois des Chars:

IMG 8177

 

IMG 8264

IMG_8264.JPG

 

Les chars (essayer de prononcer "tchôrs") sont des iles de sables au milieu d'un fleuve, sur lesquelles habitent des petites communautés, jusqu'à trente familles.

Cela pose quelques soucis de viabilités:
-  Les terres sont inondées pendant à peu près la moitiée de l'année, et les villages situés sur des iles non surélevées sont inondés plusieurs fois par ans, ce qui crée des mouvements de populations sur d'autres iles, tensions, pillages des villages abandonnées, pertes du cheptel...

-  Les possibilités de cultures sont faibles: il n'y pas de rizières. Les habitants des iles surélevées font pousser des légumes sur leurs maisons et dans les villages, mais cela reste assez limité.

-  Les terres n'appartiennent pas aux villageois. Nous avons visité un village qui avait investit dans de la pissiculture (avec un bassin au milieu), et qui était en conflit avec le propriétaire des terres qui réclame la propriété des poissons.

-  La scolarisation des enfants est irrégulières dûes aux inondations, et au fait qu'il n'y a pas d'écoles (et encore moins de professeurs) sur chaque char.

 

IMG_8442.JPG

Arrivée vers un char, on appercoit les habitations, certains déjà atteintes par la montée des eaux. Ce village est généralement évacué pendant la mousson

 

Ce sont donc des populations franchement démunies, avec des possibilités de développement assez limité. Il faut rajouter à ce gai tableau un mépris des populations des villes vers les habitants des chars, et on comprend l'implantation d'une ONG sur place.

 

Notre voyage sur place a suivi les impératifs d'Hasib, et de son travail. Nous avons donc assisté à des réunions avec les comités de village (où, à part nous présenter, dire d'où l'on vient et ce que fait notre père, nous avons eu un apport très limité), voir une centre d'apprentissage pour le tissage d'écharpes, voir une école...C'était assez intéressant mais aussi assez frustrant, les réunions se faisant bien évidemment en Bangla.

 

P1000576

Les hommes d'un côté et les femmes de l'autre, bien sûr. Les femmes auront le droit de paroles en dernier, et sont souvent interrompues par leurs hommes.

 

DSCN0983.JPG

Dans les villages les moins construits, on ne dispose pas forcément de "lieu de réunion". Tous debout sous un toit en jute, ça marche aussi.

 

Les discussions que nous avons pu avoir ont été intéressante pour comprendre un peu plus le Bangladesh. On y dénote un certaine condescendance envers les "villageois", malgré une volonté de les aider ("ils se créent des problèmes eux mêmes"). Le système de propriété de la terre m'a paru assez compliqué, et une personne riche peut facilement se faire justice face à un tribunal (c'est un processus long et cher, surtout pour les "à côtés", bakshish), ce qui rend les populations des chars particulièrement fragile. Il me manque cependant un interlocuteur d'un autre bord politique pour contrebalancer certaines choses, et me faire ma propre idée.

 

DSCN1178

Un petit appercu de notre bateau, sur lequel on aura passé un temps certain! Le petit carré au fond, c'est les toilettes, assez sommaires! L'essentiel du bateau est composé de bambou, le tout est assez confortable, même si le bateau est "un peu étroit, faut pas être trop gros" (personne n'est gros, d'ailleurs).

 

Pour rajouter un peu de difficultés (parce que sinon ce serait trop facile), l'Inde a construit un barrage en amont de la rivière (pour rappel, le Bangladesh est une enclave entourée par l'Inde, et avec un tout petit peu de frontière avec la Birmanie). Et de ce que j'ai pû en comprendre, quand le barrage est ouvert, cela provoque les "unexpected floods", qui n'en sont que plus dangereuses et augmentent les pertes matérielles.

 

Ce fut un voyage assez intéressant, surtout en ce qui concerne "comprendre le Bangladesh en dehors de Dhaka". Nous avons passé beaucoup de temps sur les bateaux, pour aller d'îles en îles, ce qui donne le temps de discuter un peu!

 

A suivre, un article sur le ramadan au Bangladesh (pays à 80% musulman), et sur notre séjour au Sri Lanka! Amra Sekhane reprend un peu son activité, avec toutes nos excuses pour le moment d'abscence!

 

Manu

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article